« Valéry GISCARD D’ESTAING : Solder le gaullisme, restaurer la Synarchie française » (Penser la France)
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Communiqué national
Mardi 8 décembre 2020.
23H30.
La disparition de l’ancien Président de la République, Valéry Giscard d’Estaing (VGE), ce mercredi 2 décembre 2020 – est l’occasion pour tous les Français de s’interroger sur la période historique ouverte en 1974 et jamais refermée, 1981-1983 n’ayant été qu’une parenthèse.
Célébré par tous les libéraux, européistes et atlantistes comme le chantre de la modernité, VGE apparaît en effet comme l’incarnation d’une politique dont beaucoup de Français ignorent les fondements et dont nous connaissons aujourd’hui les premiers dépassements.
La France est en effet en train de quitter la politique synarchique classique pour celle, plus vicieuse, de l’intégration « globaliste ».
En dépit des apparences, VGE et Emmanuel Macron ne servent pas la même politique.
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Initiée dès le lendemain de la Grande Guerre (1914-1918), cette politique fortement encouragée par les américains – non signataire du Traité de Versailles – consista à imposer une collaboration industrielle entre français et allemands, dont le cartel de la chimie fut l’élément central.
De cette alliance naquirent une politique, des accords secrets et une ambition mêlant le meilleur du capitalisme allemand et le meilleur du capitalisme français.
Ainsi naquit la « Synarchie » [1] réunissant industriels, banquiers, hauts gradés de l’Armée Française et du haut clergé catholique.
Quelle ne fut pas alors leur surprise quand, au milieu des années 30, la Synarchie subit une pression américaine contraire, face à la prise de pouvoir d’Hitler et sa marche à la guerre [2].
La Synarchie entra en résistance et devînt le cœur de la politique de collaboration avec l’Allemagne, projetant même de renverser la République [3]. Inutile « Cagoule ».
L’effondrement de 1940, encouragé et facilité par cette politique, permit à ces hommes d’accéder au pouvoir au service de l’un d’entre eux, Pétain.
Edmond Giscard d’Estaing, le père, était du nombre.
L’engagement de Valéry Giscard d’Estaing en 1945 – à l’âge de dix-huit ans – auprès des troupes du général De Lattre de Tassigny, aussi réel qu’il soit, ne peut masquer la manœuvre de réhabilitation familiale.
La Synarchie échappa, pour beaucoup de ses membres, à l’épuration d’après-guerre [4], irradia la IVéme et même la Vème République gaulliste. Un comble. Après Robert Schuman, Couve-de Murville.
L’ascension du jeune polytechnicien énarque fut ainsi facilitée par l’activation de ces puissants réseaux.
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L’accession au pouvoir de VGE fut marquée par plusieurs anomalies : financements étrangers de la campagne [5], fraudes électorales massives [6], parrainage symptomatique des milieux bancaires et financiers.
La politique internationale de la France connut une profonde inclinaison : prévalence de clubs des pays riches (sommet du G5 puis G6) plutôt que jeu d’alliances diplomatiques entre nations, rapport à l’Afrique ambigu et dénué du lustre de la France libre et combattante puis de la décolonisation, imperium du dollar confirmé après la fin des accords de Brettons-Wood en aout 1971 [7], puis en 1976, avec les accords de la Jamaïque [8].
De la même façon, la politique européenne, si elle semble inscrite dans la continuité, rompt avec l’esprit comme la méthode du couple Adenauer-de Gaulle, véritable dialogue entre dirigeants historiques. Le couple VGE-Helmut Schmidt s’inscrit dans la simple camaraderie d’un club de grands dirigeants.
L’Europe prépare sa mutation : promotion du couple Berlin-Paris, alliance des monnaies – au sein d’un système monétaire aux changes flottants (SME) qui n’a rien à voir avec la monnaie unique (Euro) – projets industriels (aérospatial, transport, énergie) portés par une politique institutionnelle nouvelle.
Cette Europe de l’intégration n’est pas celle rêvée par « de Gaulle- Adenauer ».
D’ailleurs, l’élection du parlement européen au suffrage universel direct en 1979 n’annonce-t-elle pas l’Européisme ? Le contrôle des Etats-Nations par Bruxelles puis Frankfort après le choix du Mark – sous Mitterrand-Delors – la décennie suivante ?
La politique giscardienne se veut novatrice, elle se révèle démagogique au nom d’une vision sociétale de la politique : promotion de la jeunesse et promotion des femmes comme communauté politique autonome, préparant la segmentation de la Nation, démultipliée depuis par l’apparition d’ethno-communautés ; promotion de l’immigration sans mesure pour abaisser le coût du travail, concurrencer une classe ouvrière française organisée et cultivée, sacrifiée pour une politique de chômage de masse.
Cette politique est bien sûr portée par toute une classe dirigeante – de gauche comme de droite – acquise à l’OTAN, à la collaboration merveilleuse avec la CIA qui les finançait tous, au soutien indéfectible à Israël – Cheysson [9], Dumas [10], Chirac [11] n’étant qu’une parenthèse – dans un Proche-Orient en feu – guerre insupportable au Liban et peuple palestinien oublié.
VGE participe ainsi à l’effacement du gaullisme au moment même où de vieux gaullistes constatent – sans concession [12] – l’effondrement de la classe politique française.
Ainsi, de Gaulle n’aura servi à rien. Du reste, pas plus le Parti communiste français. Les deux, sauf à gagner la guerre.
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De cette période synarchique que retenir pour la France ?
L’ambivalence est sidérante : la Synarchie au cœur des intérêts du capitalisme français n’a-t-elle pas servi les intérêts supérieurs de la France ? Lesquels ?
Et d’ailleurs, qui aurait pu imaginer que nous serions un jour rendus à un tel constat, à la lumière de l’actuelle période historique d’effondrement ?
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Ainsi, la France giscardienne a-t-elle assuré une promotion sans complexe de notre industrie et du savoir-faire français : nucléaire, aérospatiale, transport… ont été ainsi exportés dans le monde entier.
La diplomatie d’affaire de VGE – vers la Chine ou vers l’Union soviétique – a ainsi pérennisé la diplomatie gaullienne et garanti de nouveaux marchés : centrales nucléaires en Chine, coopération spatiale avec l’URSS [13].
N’a-t-on pas vu la France vendre même à l’Irak de Saddam Hussein un complexe nucléaire sous les objurgations de Jérusalem [14] ?
La synarchie française a ainsi promu un type de capitalisme qui – quoi que l’on pense du capitalisme – a porté une partie des intérêts supérieurs de notre Nation.
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Jusqu’à la fin de sa vie, VGE portera cette politique, hormis l’épisode funeste de la Constitution européenne aux multiples enjeux.
Qui se souvient qu’en 1995, l’ancien Président de la République apporta son soutien à son ennemi de toujours… Jacques Chirac, parce qu’il était candidat de la France … face au candidat de l’étranger [15] ?
La synarchie française incarne bien une voix nationale, celle des intérêts du capitalisme français.
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Aujourd’hui, que penser de cette politique ?
Elle pourrait se résumer d’un trait qui révèle l’opposition frontale entre « Synarchie française » et « globalisme » imposée en France depuis l’élection de Nicolas Sarkozy lequel entretien avec Emmanuel Macron un lien de filiation évident.
En 1976, VGE donne son aval à la signature par le consortium Framatome-Alsthom-Spie-Batignole d’un contrat de vente à l’Afrique du Sud de deux réacteurs nucléaires prenant ainsi l’avantage sur son concurrent américain « General Electric », obligé de renoncer face aux indignations suscitées par cette vente à un pays sous embargo pour cause d’apartheid.
Trente ans plus tard, un jeune et fringuant ministre de l’économie opère le démantèlement de notre filière nucléaire par la vente du fleuron de l’industrie nucléaire française – Alsthom – à son concurrent américain … la « General Electric ».
Véritable tête-à-queue politique qui révèle les puissants réseaux à l’œuvre dans la France d’aujourd’hui.
Ainsi, l’un – VGE – a constamment fait prévaloir les intérêts capitalistiques français. L’autre – E. MACRON – a vendu ce fleuron de l’industrie nucléaire Française à la découpe pour assurer son accession à l’Elysée ([16] et [17]).
Quoi que l’on pense de la Synarchie française, il est possible de constater que VGE n’a eu de cesse de servir les intérêts du capitalisme français, c’est-à-dire servir une partie des intérêts supérieurs de la France.
Qui des trois derniers Présidents de la République (Sarkozy – Hollande – Macron) pourrait se prévaloir d’un tel titre ?
FIN
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Les Clubs « Penser la France » travaillent au soutien de plusieurs initiatives politiques de refondation autour d’un « nouveau Conseil National de la Résistance » réunissant communistes authentiques et gaullistes authentiques et au-delà tous citoyens militants pour l’indépendance de la France.
Les Clubs « Penser la France » militent pour les trois sorties immédiates : Sortie de l’OTAN – Sortie de l’UE – Sortie de l’EURO.
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Notes :
1) « Synarchie » : sur ce terme et la réalité de cette alliance lire tout l’œuvre de l’historienne contemporaine Annie Lacroix-Riz ;
2) Les tenants anglo-saxons de la collaboration avec l’Allemagne restèrent cependant efficaces à Londres et à Washington, ce, durant toute la guerre, comme le démontre Annie Lacroix-Riz. N’oublions surtout pas que ce sont les banques anglo-saxonnes essentiellement protestantes qui financèrent Hitler.
3) « La Cagoule » : cf. « Le choix de la défaite » et « Industriels et banquiers – français sous l’occupation » de l’historienne Annie Lacroix-Riz – édit. Armand Colin ;
4) Cf. le dernier ouvrage exceptionnel d’Annie Lacroix-Riz « La non-épuration en France » (2019) qui révèle la complexité et les multiples visages (économique, politique, judiciaire) de la non-épuration au motif – une fois de plus bien utile – de lutte contre le danger communiste, soviétique en 1945 comme bolchevique en 1920. Une farce.
5) Cf. expliquant notamment les assassinats de MM. de Broglie et Boulin liés aux financements étrangers de cette ascension ;
6) En 1975, le vote par correspondances sera interdit : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000521786/;
7) Le 15 août 1971, le président Richard Nixon change complètement la donne du système monétaire international en annonçant la fin de la convertibilité du dollar ;
8) L’élimination du rôle de l’or au sein du système monétaire international et place prépondérante accordée aux droits de tirage spéciaux (DTS).
9) Claude Cheysson a notamment été ministre des Relations extérieures de François Mitterrand et commissaire européen ;
10) Roland Dumas, homme politique français, proche de François Mitterrand, a été notamment ministre des Relations extérieures de 1984 à 1986 et des Affaires étrangères de 1988 à 1993. Il a ensuite présidé le Conseil constitutionnel de 1995 à 2000 ;
11) Jacques Chirac a été Premier ministre du 27 mai 1974 au 25 août 1976 puis du 20 mars 1986 au 10 mai 1988, et président de la République française du 17 mai 1995 au 16 mai 2007 ;
12) Le bilan exprimé par Alexandre Sanguinetti ne souffre pas d’ambigüité ;
13) Les accords de coopération franco-soviétique de 1966 prévoyaient une large coopération industrielle qui fut remise en cause par Mai 68, alors que les Etats-Unis n’étaient ni en capacité ni en volonté de faire une telle offre à la France. Le projet européen de lanceur Europa échoue, et il faut attendre dix ans avant que la fusée Ariane décolle de Kourou en 1979, grâce à la fourniture par l’URSS du fameux combustible, la diméthylhydrazine. Les accords sur les vols habités permettent au français Jean-Loup Chrétien d’être le premier cosmonaute européen à participer à la mission PVH de 1982 à bord de Soyouz.
14) En 1976, l’Irak avait acheté Osirak, un réacteur nucléaire de classe Osiris à la France. Il sera détruit par Israël au cours de l’opération אופרה – OFRA, le 7 juin 1981 ;
15) VGE confessera plus tard qu’entre Jacques Chirac, limousin-cœur de la France et Edouard Balladur l’oriental, il avait fait le choix de la France.
16) L’enquête sur l’affaire Alstom-General Electric passe entre les mains du Parquet national financier –
17) Commission d’enquête chargée d’examiner les décisions de l’État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d’entreprises d’Alstom, d’Alcatel et de STX, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels – N° 897 – http://www2.assemblee-nationale.fr/15/autres-commissions/commissions-d-enquete/commission-d-enquete-sur-les-decisions-de-l-etat-en-matiere-de-politique-industrielle-notamment-dans-les-cas-d-alstom-d-alcatel-et-de-stx/(block)/RapEnquete/(instance_leg)/15/(init)/0-15