« Loi Immigration : le délirium Français » #PenserlaFrance – communiqué national du 11 janvier 2024

20 septembre 2024
[Photo : Plus de 200 jeunes réfugiés manifestent devant le Conseil d’État à Paris, le 2 décembre 2022. Beaucoup d’entre eux dorment sous les ponts d’Ivry-sur-Seine, en banlieue parisienne, certains depuis 6 mois ou plus. © 2022 Sipa via AP Images]

[AVERTISSEMENT – 22 septembre 2024 : L’immigration devenant une des préoccupations centrales des Français comme du nouveau gouvernement, nous republions ce texte complet.]

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Communiqué national des Clubs Penser la France

Jeudi 11 janvier 2024,19h00

« L’essentiel, c’est que le pays ne soit pas dupé une fois de plus.

Pour cela, il faut, avant tout, informer loyalement ».

Pierre Mendès-France

*

Depuis au moins les années « 30 », dès après la saignée de 14-18, et certainement plus loin encore, après que notre nation  a perdu son hégémonie démographique en Europe au début du XIXème siècle [1],  la France fantasme sur son immigration.

L’étranger – d’où qu’il vienne – est ainsi devenu, à plusieurs reprises dans notre histoire, le centre d’une attention malsaine entre admiration et répulsion.

Source de méprises, l’immigration alimente de nombreux fantasmes – identité nationale menacée, trouble à l’ordre public, etc – ou révèle nos impensés collectifs dans un monde en tension.

La quasi-totalité des partis politiques se saisit du sujet avec une mauvaise foi ou une incompétence sidérante, alors que les gouvernements successifs tentent de répondre – avec plus ou moins d’honnêteté – aux objectifs contradictoires soulevés par cette ressource humaine non maitrisée et difficilement maitrisable dont le pays a pourtant besoin.

Sur ce sujet particulier, notre nation s’emballe avec une facilité déconcertante, le législateur s’agite, les hautes juridictions se politisent. Et pour finir, l’opinion publique s’inquiète.

L’immigration est un sujet éminemment complexe qui révèle la nature profonde de notre contrat social, les forces et les faiblesses de nos institutions, l’état même du fonctionnement de notre démocratie sous contrôle de l’Union européenne et de l’OTAN.

Pourtant, ce sujet difficile, crucial, fait l’objet d’un traitement délirant qui peut être mesuré à l’aune de plusieurs questions essentielles :

1 – Pourquoi refuser la délivrance de titre de séjour aux étrangers et dans le même temps être incapable de renvoyer les déboutés ? Depuis des décennies, moins de 10% des Obligations de quitter le territoire (OQTF) sont exécutées par les préfets aux ordres, qui, d’une main, refusent la délivrance de titres, d’une autre, refusent d’appliquer les mesures d’éloignements.

2 – Pourquoi l’entrée et le séjour en France sont traités conjointement avec le droit d’Asile, qui n’a – politiquement et philosophiquement  – strictement rien à voir ? Pourquoi le législateur comme les juges du Palais Royal alimentent cette confusion, n’en distinguent pas les termes, alors que l’un renvoit à la gestion d’un flux ; l’autre, à une certaine idée supérieure de la justice [2] ?

3 – Pourquoi restreindre à ce point l’accès au titre de séjour pour organiser – chaque 25 ans –  des régularisations massives ?

4 – Pourquoi ne pas dire aux Français quels sont les véritables enjeux économiques liés à l’immigration ? A cette main-d’œuvre utile à plusieurs secteurs stratégiques – bâtiment, transports, énergie, etc ? Que le refus des patronats d’augmenter les salaires français a pour contrepartie directe le recours à une main-d’œuvre sans papier exploitée à vil prix ? Que nos politiques et nos syndicats aux discours démagogues, sont impuissants à juguler ce qui relève du plus simple trafic humain* ?

5 – Pourquoi les enjeux internationaux, diplomatiques et stratégiques liés à l’immigration ne sont pas expliqués aux Français ? Pourquoi, notamment, ne pas avouer que, depuis un siècle au moins, nos politiques internationales ont consisté au Maghreb, au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne à détruire toute élévation démocratique ? A combattre, assassiner les leaders laïcs et progressistes ? Pourquoi, dans ce contexte, s’étonner du surgissement de courants Islamistes que nous avons largement encouragés – Frères musulmans, Salafistes, adeptes du wahhabisme – et même financés quand « ils faisaient du bon boulot » en Syrie, en Irak ?

6 – Pourquoi ne pas avouer aux Français que la France sans frontière ne peut plus rien dans l’espace Schengen ? Que les politiques migratoires ne sont plus du ressort de la compétence nationale et échappent en presque totalité au gouvernement de la France ? Pourquoi les Français ne font-ils pas de lien entre une politique migratoire dérégulée et leur perte de souveraineté nationale ?

7 – Pourquoi enfin certains mouvements politiques – dit « nationalistes »  – très critiques envers l’immigration participent-ils autant à la promotion  rémunératrice des institutions européennes alors que l’UE impose précisément une dérégulation magistrale des flux migratoires contraire à notre intérêt national ?

*

Notre délirium Français est bel et bien le fruit d’une hypocrisie générale et d’une manipulation générale.

Dans le même temps, qui peut nier que l’immigration dérégulée soulève de véritable et sérieux problèmes ?

Que l’accueil de population musulmane n’est pas sans poser de difficultés dans un pays de tradition chrétienne, certes, spirituellement en déshérence, mais néanmoins attaché à certains signes hérités de la civilisation judéo-chrétienne ?

Que la laïcité elle-même, complexe à appréhender, est un héritage supérieur de cette civilisation ?

Le délirium français ne s’arrête pas là. Les fantasmes sur l’Islam sont aussi le signe de notre effondrement intellectuel et politique.

La place et la symbolique attachée à l’Islam ne sont pas à la hauteur des enjeux de notre période et ne sont pas digne de notre civilisation.

D’une part, l’Islam est caricaturé souvent déprécié alors que l’Islam reste une des plus grandes religions au monde, une des trois religions du Livre, une des trois religions mosaïque.

Comment d’ailleurs les Français musulmans font-ils pour supporter les insultes quasi-permanentes en direction de cette grande religion alors qu’une majeure partie des Français musulmans participe pleinement à la vie de la Nation ? Dynamise la vie économique et sociale ? Participe à régénérer notre vie politique ?

D’autre part – comment le nier ? –  certains courants islamistes travaillent notre communauté nationale, sapent les derniers oripeaux républicains d’une France qui s’abandonne elle-même à une élite pro-européenne qui la déconstruit.

Les Français aiment à se faire peur à l’invocation d’attentats terribles dont – en fait – ils ne savent rien.

Faut-il vraiment rappeler que la France – la présidence de la République – a financé encore récemment certains réseaux terroristes salafistes ? Les a manipulés puis trahis en Syrie ou en Irak ?

Comment dès lors s’étonner des attentats dramatiques organisés en représailles à Paris (Bataclan, Charlie-Hebdo, etc.) avec le soutien de services étrangers ?

En cette matière, plus qu’en tout autre, il n’est pas possible d’éviter le réel, de ne pas regarder nos responsabilités multiples, de ne pas constater notre duplicité envers de nombreux Etats d’Afrique, du Maghreb, du Machrek.

Ce que les Français refusent de voir, le monde entier le sait depuis longtemps.

La France ne gagnera rien sur ce terrain politique difficile sans accepter de regarder sa responsabilité immense dans le désordre mondial.

*

Une autre politique est possible pour la France.

Elle consisterait d’abord et avant tout à réaffirmer comme préalable le souci de recouvrer une pleine souveraineté française : des frontières, une hiérarchie des normes, un gouvernement et un parlement dignes de ce nom.

Elle consisterait ainsi à réaffirmer la place du peuple souverain dans l’ordre politique supérieur.

Elle imposerait ensuite de reconsidérer l’ordre mondial et de revisiter toutes nos relations diplomatiques vers les zones des pays sources d’immigration, car notre responsabilité – nous le répétons – est immense.

Il s’agirait pour la France de renouer avec les vrais valeurs de Justice internationale, de promouvoir de grandes politiques de développement et de coopération, de s’ouvrir aux pays du sud, notamment les pays des BRICS qui déplorent la disparition de la France sur la scène internationale et avec elle la disparition des valeurs incarnées par 1789, 1830, 1848, 1870, 1945 et 1958.

L’ordre de 1945 qui les résumait toutes est bel et bien en train de disparaitre.

N’est-il pas trop tard pour sauver la France ?

Si l’effondrement de notre vie politique et intellectuelle semble l’annoncer, nous savons cependant, que la France, c’est avant tout le peuple.

Et le peuple Français est encore riche de potentialité, d’ouverture à l’étranger pour peu que l’immigration soit organisée, encadrée, régulée dans un sens unique à fixer : le seul intérêt de la France, l’amour de la France, des valeurs de la France.

*

En conclusion, plusieurs mesures pourraient s’imposer rapidement :

– Sortir de l’OTAN et de l’UE pour réaffirmer la pleine souveraineté de la France dans ses politiques régaliennes ;

– Sortir de l’espace Schengen et réaffirmer le principe du respect de nos frontières nationales ;

– Redéfinir nos relations avec les pays sources par de nouvelles politiques de visas, de formations et de coopérations renforcées pour mettre en place une « immigration pendulaire » [3] ;

– Redéfinir le rôle essentiel de l’OFFI (Office français de l’intégration et de l’immigration) à redéployer pour mettre en place une véritable immigration de travail transparente et à la hauteur des enjeux économiques mondiaux que la France doit relever ;

– Redéfinir le rôle essentiel de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et des apatrides) qui retrouverait sa tutelle historique du ministère des Affaires étrangères, arrêterait toutes missions d’externalisation, pour se consacrer essentiellement à l’application d’une convention internationale parmi les plus nobles : la Convention de Genève du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, renonçant ainsi de facto à un ordonnancement européen archaïque, source de désordre général ;

– Enfin, appliquer la loi française dans ce qu’elle a de juste mais aussi de contraignant. Notamment, procéder à l’exécution des obligations de quitter le territoire français dès lors que toutes les garanties effectives du respect du droit ont été apportées aux ressortissants étrangers, ce qui – aujourd’hui – est le cas dans la presque totalité des décisions. Le refus des gouvernements d’appliquer la loi française est la plus grande source de désordre politique qu’il soit.

*

L’ensemble de ces premières mesures doit être accompagné d’un volontarisme français, du retour d’un véritable discours français autour de nos valeurs fondamentales, lesquelles ont disparu pour le plus grand étonnement des pays du sud.

Nous le constatons, l’immigration, l’accueil de l’étranger en France est un sujet complexe qui convoque l’ensemble de nos institutions comme de nos valeurs ; nous met en situation de confrontation de nos principes juridiques et politiques les plus élevés avec le réel ; nous offrant ainsi la capacité de mesurer la valeur même de nos principes, de les remettre en question comme en concurrence. Ainsi, de nous élever collectivement.

Autrement dit, l’étranger nous offre une chance, celle de mesurer notre degré d’élévation démocratique [4].

Il faut constater pour le regretter que l’immigration dérégulée actuelle entraine un désordre dramatique qui alimente notre délirium français déjà ancien, n’en finit pas d’abaisser la France, la promesse Française.

Car il faut le dire et le répéter : il existe au monde une promesse Française.

A nous de la porter, de la faire vivre, de la réinventer.

Citoyens, Français engagés, c’est le défi supérieur des temps actuels que nous devons relever.

A l’aune de ces réflexions, nous pouvons conclure que le projet de loi actuel – outre certaines aberrations techniques [5] – ne répond en rien aux enjeux que la France doit relever dans un monde de plus en plus agité.

Fin

Notes :

[1] La France était la première puissance démographique en Europe en 1800 ;

[2] « L’Asile à la lumière d’une pratique de l’Etat » par Jean-Luc Pujo Président d’ASULON France (hivers 2006) – https://www.politique-actu.com/actualite/asile-lumiere-pratique-etat-jean-pujo-president-asulon-france-hivers-2006/1652684/

[3]« immigration pendulaire » : concept ardemment défendu dès les années « 90 » par M. Sami Naïr, un des plus brillants spécialistes français en la matière. Lire notamment : « Y vendran, las migrationes en tiempos hostiles » édit. Bronce (2006) et « L’immigration est une chance – la vérité sur l’immigration » – édit. Seuil – 2007 ;

[4] « Dans ce contexte, il est possible de s’interroger avec Jacques Derrida : « L’Europe pourra-t-elle continuer à incarner « la ressource d’avenir » ? Et c’est encore avec lui que nous pouvons conclure ce questionnement politique. Derrida rappelait ce que Levinas annonçait comme conséquence du déplacement massif de toutes ces personnes, réfugiés, exilés : « Ils appellent l’espace socio- et géo-politique à une mutation  juridico-politique mais d’abord – avant tout – ils appellent à une conversion éthique. » C’est sur cette conversion éthique qu’il nous faut insister. Le demandeur d’asile est une chance ! Il est « notre chance » nous dit Levinas. Il est ce « tiers » qui vient interrompre la complaisance de la dualité ou du dialogue JE-TU source d’un piège qui ressemble au pire : « La bonne conscience ». C’est de cette rencontre avec le tiers – la tiersalisation- que peut naître la socialité, c’est à dire le politique, les lois, les droits, l’Etat. Le demandeur d’asile est ainsi tout autant la « promesse » que le « passage à l’acte ». » – « De l’Europe : pour une ouverture à l’humanité » Jean-Luc Pujo – Journal « D’Asile et d’ailleurs » juin 2005.

[5] La plus démagogique des mesures étant celle de la restriction de l’accès aux soins pour des immigrés en situation irrégulière, qui, même à ne pas tenir compte du devoir premier de civilisation, posera un problème de santé publique évident, mettant en danger la population française, elle-même.

(*) Sans oublier, bien sûr, le drame des mineurs isolés étrangers couchant sur les trottoirs de nos villes. Combien disparaissent chaque année sans donner l’alarme et se rajoutent ainsi aux 1.000 enfants français disparaissant chaque année ? Réseaux pédophiles, réseaux de trafics d’organes et sectes avec sacrifices humains ; en France ; en 2023 ?

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