14 juillet : « Renouer avec « l’esprit de 89 » ! » Jean-Luc Pujo – les Clubs « Penser la France »
[Photo : Prise de parole de jean-luc Pujo, ici au coté de militants communistes du PRCF – 14 juillet 2020 – Place de la Bastille – Paris – ©penserlafrance – Merci Fabrice]
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[MANIFESTATION organisée par les signataires de l’APPEL du 29 mai 2020 – Merci au PRCF et au JRCF pour son organisation – Merci à Fadi Kassem pour cette réussite.]
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14 juillet :
« Renouer avec « l’esprit de 89 » ! »
Intervention de Jean-Luc Pujo – les Clubs « Penser la France »
14 juillet 2020 – Place de la Bastille – Paris – 18h00
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Chers amis,
Chers camarades,
Chers compagnons,
Quelle immense joie que de se rassembler un « 14 juillet », « Place de la Bastille » !
Immense joie que de célébrer en ces lieux le cri immense du Peuple de Paris « Liberté, Egalité, Fraternité ».
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Le 14 juillet est une date BICEPHALE.
Nous fêtons – bien sur – la fraternité de la fête de la Fédération, 1er anniversaire de la prise de LA BASTILLE.
Mais nous fêtons – d’abord – la révolte du peuple de Paris marchant à l’assaut de la Bastille !
OUI ! – nous dit Charles PEGUY – « c’est la prise de la Bastille qui fut la première fête de la fédération, une fédération avant la Lettre ! »
Immense évènement.
Ce jour-là, « le peuple de Paris ne s’est pas levé pour renverser une Bastille de pierre, mais pour détruire la véritable Bastille : le Moyen-Age, le despotisme, l’oligarchie, la royauté » rappelle GAMBETTA
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Souvenez-vous !
En ce début du mois de juillet 1789, le peuple de Paris était inquiet et agité. Des troupes étrangères, suisses et allemandes s’assemblaient autour de Paris et de Versailles.
Dans les jardins des Tuileries où se tenait l’assemblée de la Capitale, on haranguait sur les dangers de la patrie, on s’excitait à la Résistance.
Le peuple avait même délivré des gardes françaises emprisonnés pour avoir refusé de tirer sur le peuple.
C’est dans ce contexte de tension que PARIS apprit le renvoi de NECKER, ce 12 juillet 1789.
NECKER, c’était celui qui avait osé dire NON au Roi quand celui-ci fit injonction à la nouvelle assemblée nationale de se dissoudre, celle proclamée par le serment du jeu de paume, trois jours plus tôt.
NECKER avait aussitôt trouvé la sympathie de l’Assemblée, donc du peuple de Paris.
A l’annonce de son renvoi, le peuple de Paris forma aussitôt des cortèges portant le buste de Necker en triomphe.
Les tambours parcouraient les rues en convoquant les Citoyens. On se rassemblait sur les places publiques
Aux Tuileries, Camille DESMOULIN s’enflamma : « Citoyens, il n’y a point un moment à perdre ; le renvoi de Necker est le Tocsin d’une saint Barthelemy de patriotes ! Ce soir tous les bataillons suisses et allemands sortiront du Champs de Mars pour nous égorger ! Il ne nous reste qu’une ressource, c’est de recourir aux armes ! »
Et Camille DESMOULIN attacha une feuille d’arbre à son chapeau… La cocarde sera Verte ! Une COCARDE pour tous nous reconnaitre…
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Des troupes se forment : Volontaires du Palais Royal, volontaires des Tuileries, partout les districts se réunissent…
Il ne manquait plus que des armes.
Le 13 juillet, au matin, le peuple s’assemble à l’Hôtel de Ville.
On annonce des armes : 12.000 fusils de la manufacture de Charleville puis 30.000 … mais ils ne viennent pas.
On remplace la cocarde verte par la cocarde rouge et bleu aux couleurs de la ville.
Voilà le peuple marchant sur l’Hôtel des Invalides : 28.000 fusils, des sabres, des épées et des canons… déployés dans la capitale contre l’invasion des troupes.
Au même moment, on apprend que les canons de LA BASTILLE menacent la rue Saint Antoine.
A cette alerte, la crainte de cette forteresse, la haine des abus qu’elle protégeait… il n’y eu qu’un seul mot d’ordre dans tout PARIS de neuf heure du matin à deux heures de l’après-midi :
« A LA BASTILLE ! A LA BASTILLE ! »
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« Les citoyens s’y rendaient de tous les quartiers par Pelotons, armés de fusils, de piques, de sabres. La foule qui l’environnait était déjà considérable. Les sentinelles étaient postées. Les ponts levés comme dans un moment de guerre ».
C’est alors que le député Thuriot de la Rosière demanda de parler avec le gouverneur DELAUNAY et obtînt l’engagement de la troupe de ne pas tirer.
Mais la multitude impatiente – de plus en plus nombreuse – demandait la reddition.
Des hommes plus résolus que d’autres frappèrent les chaines du grand pont… des tirs … puis la foule se précipita sur le grand pont qui venait de céder.
La troupe fit feu. On releva beaucoup de morts.
La foule redoubla alors de colère avec sa tête les braves Hélie et Hulin…
La résistance de la forteresse fut d’abord acharnée contre la foule déchainée.
C’est alors que les Gardes françaises survinrent avec leur canon pour appuyer l’assaut…
La garnison menaca de tout faire sauter … puis se rendit.
La foule fut implacable : « Ils ont fait feu sur leurs concitoyens, ils méritent d’être pendus ! »
« Point de quartier aux prisonniers ! Point de quartiers à ceux qui ont tirés sur leurs concitoyens ! »
Vous connaissez la suite…
Des piques et des têtes au bout des piques !
La nuit du 14 juillet fut agitée dans Paris survolté, craignant l’attaque des troupes étrangères…
« On forma des barricades, on ouvrit des retranchements, on dépava des rues, on forgea des piques et on fonda des balles… »
Voilà ce que fut la journée du 14 juillet 1789.
14 juillet : DATE SACREE !
« Vrai date de la Révolution ! Celle qui a fait tressaillir la France ! (…) on comprend que ce jour-là notre Nouveau testament nous a été donné, et que tout doit en découler » dira GAMBETTA.
« 14 juillet : brillant anniversaire ! Première victoire de la Révolution ! »
« A tel jour, le peuple brisa ses fers pour la première fois » (1).
Cette nouvelle illumina le Monde entier.
14 juillet : « Fête nationale, fête républicaine ! »
14 juillet : c’est « la France qui se fête elle-même » !
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Ainsi depuis … l’histoire de France est riche de ces célébrations.
C’est la « Colonne de Juillet » dressée ici même en mémoire des morts de juillet 1830 et des morts de juillet 1789 !
Ce sont aussi les célébrations … celle du 14 juillet 1935 :
« Comme lors du 14 juillet 1789, où le peuple de Paris a démoli pierre par pierre le donjon royal, en ce 14 juillet 1935, le peuple est résolu à donner l’assaut aux bastille survivantes : Bastille du fascisme, Bastille des lois scélérates, Bastille de la misère, Bastille des congrégations économiques et financières, Bastille de la Guerre – que 150 ans de luttes ardentes et quatre révolutions n’ont pas su abattre » rappelle Victor Basch, président de la ligue des droits de l’Homme.
Ou celle de 1936 :
« Ce qui s’est réveillé, dans l’inoubliable journée du 14 juillet 1936, c’est l’esprit éternellement jeune de la Révolution française, l’esprit de 89 ! » (2)
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Mais AUJOURD’HUI, c’est quoi le « 14 juillet » ?
Quelle signification donnons-nous à cette « espérance » adressée à l’humanité ?
D’ailleurs, VOULONS-NOUS poursuivre l’insatiable quête de « justice et d’émancipation » des Hommes, de tous les Hommes ?
En un mot : Voulons-nous vraiment « continuer la France » ?
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MAIS qu’est devenue la France ?
Que sont devenus les Français ?
Ce peuple de « l’impatience de la Liberté » ?
Qu’avons-nous fait de notre capacité à penser ? À agir ?
Pourquoi avons-nous choisi « d’effacer les TRACES » comme le dénonçait Bertolt BRECHT ?
Qui nous l’a ordonné ? Dans quel objectif ?
Alors que nous savons – avec Albert CAMUS – qu’ « il n’y a pas d’Homme solitaire. Et que mettre à la racine de l’Homme la détermination économique, c’est le résumer à ses rapports sociaux ».
Ne voyons-nous pas, aujourd’hui, ce qui nous guette ?
A tout oublier – y compris nos luttes mémorables – ce qui nous guette, d’abord et avant toute chose, c’est notre propre effondrement.
Tout – aujourd’hui – nous renvoie à cet effondrement individuel et collectif.
Vous en doutez ?
Souvenez-vous de ce printemps 2020 et de la crise du COVID19…
La France s’est révélée tiersmondisée par des années de politiques néolibérales…
Mais qu’avons-nous fait des promesses du contrat social français ?
La responsabilité des « pouvoirs en place » est totale.
« Sourds aux appels des professionnels de santé et de l‘éducation, les pouvoirs en place ont obstinément poursuivi la transformation des services publics et de leurs mission, mise en œuvre insidieusement et vigoureusement par des agences gouvernementales chargées de les convertir aux logiques néolibérales » dénonce Roland Gory.
Et cette responsabilité, ils la taisent !
« Celle de la crise de l’hôpital et de ses dispositifs de soins générées par leur politique d’austérité, produisant des brèches dans le système de protection des populations et dans lesquelles le virus a pu s’infiltrer… »
Pire ! « L’hygiène devient une morale et une pédagogie des conduites. Elle permet la mise en place de dispositif de surveillance, de contrôle et de normalisation dans « la conduite des conduites » des individus » dénonce une nouvelle fois Roland Gory.
Et le tout imposé par des gouvernements technocratiques. Les pires.
Avec leur langage administratif, de ceux qui accompagnent l’effondrement de l’esprit… « Incapable de prononcer une seule phrase qui ne fut pas un cliché », comme le dénonçait en son temps Hannah Arendt.
Fascisme ? Proto-fascisme ?
Notre système politique n’est plus démocratique.
Il n’y a plus de Gouvernement, il applique la feuille de route de Bruxelles.
Il n’y a plus de Parlement, il transpose des textes imposés par Bruxelles.
Il n’y a plus de Justice, elle applique le droit de l’Union européenne supérieur à tout l’ordonnancement juridique français.
Ils ont beau changer les gouvernements, rien ne change !
« C’est du nouveau toujours vieux et du vieux toujours nouveau » selon la formule de BLANQUI.
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ALORS que Faire ?
Nous devons réapprendre à refaire France ! À refaire Nation !
Et ensemble il nous faut abattre toutes les nouvelles BASTILLES !
Abattre la BASTILLE de l’UNION Européenne qui soumet les peuples libres !
Abattre la BASTILLE de l’OTAN qui soumet nos armées !
Abattre la BASTILLE de l’EURO qui détruit notre économie, nos emplois, notre industrie !
Oui ! Il nous faut abattre toutes ces BASTILLES nouvelles !
Et nous ne le ferons qu’en renouant avec « l’esprit de 89 » !
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Pour cela, un seul programme !
Il faut Redonner la parole au Peuple !
Il faut Redonner sa pleine souveraineté au Peuple réuni en Nation !
Là est la seule voix politique de libération.
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Pour cela, un seul outil !
Il nous fait préparer l’émergence d’une nouvelle résistance, celle qui rappelle que tout ordre social et politique doit avant tout reposer sur l’Humain.
C’est ce qui fonde l’action du Nouveau Conseil National de la Résistance, le Nouveau CNR.
Oui ! L’héritage du Conseil national de la Résistance est riche de leçons politiques pour les jours que nous vivons.
Et comment en ce jour particulier, ici – Place de la Bastille- ne pas penser – en cet instant – à ces « 14 juillet » rayonnants, ceux que fêtaient, là-bas sur le plateau des Glières… ces femmes et ces hommes courageux que nous admirons tant.
Ils avaient au cœur l’amour de la France, le souci de l’indépendance nationale et de la Liberté.
Cette « liberté » que précisément – ici même – le peuple de Paris a magnifiquement illustré, annonçant au monde entier la naissance d’une nouvelle ère : celle de l’émancipation des Hommes, de tous les Hommes.
Voilà ce que nous fêtons aujourd’hui place de la Bastille !
Le 14 juillet 2020 se résume ainsi d’un mot …d’un seul mot d’ordre :
« Il nous faut renouer avec l’esprit de « 89 » ! »
Entendez-vous alors l’écho ?
…
« A la Bastille ! Aux armes !
A la Bastille ! Aux armes !
A la Bastille ! Aux armes ! »
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Je vous remercie.
JEAN-LUC PUJO*
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(1) JB Passerieu « histoire anecdotique de la Révolution française » 1789;
(2) Albert Bayet « La lumière » 18 juillet 1936;
sources diverses:
– Roland Gory – « Et si l’effondrement avait déjà eu lieu » – juin 2020;
– Victor Hugo « Quatrevingt-Treize »;
– Victor Hugo « Célébration du 14 juillet dans la forêt » – poésie ;
– Charles Peguy « Clio »;
– Gambetta « discours prononcé à la Ferté-sous-Jouarre » – 14 juillet 1872;
– Paul Berne « Souvenir du 14 juillet 1880 : trois dates : fete nationale du 14 juillet 1880 – le 14 juillet 1789 – le 14 juillet 1790 » – Lyon – 1880;
– « Histoire de la Révolution française », Mignet – 1869;
*Jean-Luc Pujo est écrivain, président des Clubs « Penser la France », rédacteur en chef du portail « Politique-actu.com », membre de la SGDL et de la SACEM.
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